mercredi 27 juin 2012



Puis on repart. Déjà si loin
Le paradis. Mais on prend garde
A s'émouvoir de moins en moins.

Georges Perros, Poèmes bleus

dimanche 24 juin 2012

"Ecrire vient comme une force à la lisière de la mer, les mots prennent, comme un voleur, une saveur d'éternité."


Erwann Rougé

mercredi 20 juin 2012



j’ai vapeur de la mort

des fêlures discrètes dans le bois brut du réel
s’échappe une fumerolle perceptible
de néant

rien ne sert de déguerpir
autant inspirer à fond - font font
les petites marionnettes

rien ne sert de fuir
vers le loin géographique
vers l’ailleurs linguistique
look, regarde écoute, chouf
tout est pareil
zéro au zéro identique

(travail en cours)

lundi 18 juin 2012


"Il évitait de tenir un journal régulier, sauf pour consigner quelques informations brutes. A quoi bon tout transformer immédiatement en langage ? Pourquoi ne pas laisser la réalité reposer là, parmi les milliards de neurones, et voir ce qui pourrait bien en sortir ? Selon lui, le monde était pour l'essentiel indescriptible, et il était seulement capable d'en appréhender quelques parcelles. L'hubris artistique est parfois plus épuisante que le travail lui-même."

Jim Harrison, L'été où il faillit mourir

dimanche 17 juin 2012



Edith Azam et Remy Jacqmin en lecture à Bécherel




 Rien que toi et les pronoms / toujours le poids, tu vois pas que ça pèse ? Le beau désastre dégouline, les tables, de la loi s'effritent -paresse ivresse, quel beau couple que ces deux-là !

Salpêtre des jours, tout s'arrête : les angles, les os, l'écriture. Rien que l'effroi, le froid, la paix ; on y va, bûcheron des jours tranquilles à débiter les émaux de la phrase, ô fagot de la carabistouille, vieille mixture, ténèbre sans importance.

On se dévêt.

Rien que l'ombre de la main, flottaison de bois vieux, un peu d'âme aussi, de hauts fonds jonchés de corail. Ne pleure pas, émascule la souffrance. Le pain rassis de la mort, n'y casse pas tes canines. Rien que la course idiote et sans but.

JCB

Samedi 16 juin, atelier d'écriture avec Édith Azam


Lecture ce dimanche après-midi à Bécherel à partir de 16 H 30 en compagnie de :


EDITH AZAM

ça va donner !



vendredi 15 juin 2012



Le résident se prépare à prendre la route pour rencontrer Edith Azam.

mercredi 13 juin 2012




creuse et tombe
au fond
de quoi je creuse
vers un destin de pacotille
sans chair
sans matière
un destin de mots
un refus

(extrait travail en cours)

lundi 11 juin 2012



je remets ça à grandes pelletées
il faut que je le remue
le charbon obligatoire de la mort
le mot paraît tellement doux
proposé comme ça
je pourrais m'en contenter
m'assoupir
non il faut que je grogne :
pourriture de la chair
dans la hargne des consonnes constrictives
le cou serré
par l'anaconda du Jugement dernier

Carnet des états successifs de l'urgence, 1998

dimanche 10 juin 2012


atelier découverte de la poésie contemporaine lundi 4 juin 2012

jeudi 7 juin 2012


je croise les jambes
croise des gens
croise le fer
ne sachant si je donnerai l’estocade ou la recevrai

je crois mal
ne m’agenouille
ni ne prie

si je m’incline
vers mon ombre
au sol narquoise
je ne vois que graviers
qui en parsèment le tulle
comme écueils en mer d’Iroise

alors tomber en avant
véritablement choir
griffer
des deux mains pelleter
et l’ombre et soi
s’enfoncer dans la tombe

tout est faux
qui me fauche
dis-je à cet instant

(extrait travail en cours)




commencer d’un jour à l’autre pourtant commencer dans un jour qui ne s’ écrit plus ni l’autre pourtant

ces jours encore le oui dans le nom ces jours fatigués encore fatigués ces jours

oui ces jours encore

faits de passages en passages circulations des vides (nous) et du désir un jour ni l’autre pourtant (nous)

un jour ni l’autre commencer pourtant commencer par un infinitif ce qui ne peut s’écrire (non)

commencer non pas commencer (oui) l’infinitif des jours jamais commencer oui non pas (oui)

dans un ton élégiaque un infinitif pourtant ne peut s’écrire ne peut non pas

dans un ton qui n’a été que trop élégiaque non pas (définitif) commencer  non pas

commencer ni se taire ni cesser à jamais toujours recommencer et recommencer






extrait de la revue de B. J. Lherbier, Népenthès, n°4, p.8. (Merci à Fabrice Farre qui a signalé cette belle publication)
 Promenade poétique hier soir avec Caravane Compagnie



mardi 5 juin 2012



"si on pouvait devenir - quoi ? -
              équilibrés


ça se saurait"


Gwénola MORIZUR, iGREC ou BIEN 


(Contre-allées éditions, 2012)





Lessive, pluie, linge qui ne séchera pas... 
Eh bien en voilà du quotidien normal !

samedi 2 juin 2012



en 1995, j’étais capable d’écrire les chairs broyées / de la vache qui explose dans les rizières ; j’évoquais ainsi brièvement la « zone démilitarisée », la fameuse DMZ qui séparait Viêt Nam du Nord et du Sud à l’époque de la guerre, zone encore truffée de mines et autres engins dévastateurs non neutralisés – sans discours politique sous-jacent, tout au plus l’expression d’un vague dégoût

mais ça aussi : DRAPEAUX VIDES / pas même le blanc de la reddition ; il y avait sans doute la posture du combattant qui ne se rend pas - je dis bien posture – surtout cette idée de vide, d’aucune bannière, déjà les braises en moi, en attente de mon souffle pour les attiser

je me suis bagarré avec tout ça, j’ai fait du doute un habit à peu près supportable

la grande fatigue, elle, me jette aux bords de l’impudeur : tout déballer, faire le tri ou alors foutre le feu tout de suite à l’entière baraque

ah, que je cesse tout d’abord avec la métaphore, que j’incendie pour de vrai le langage, que le cri se fasse, hors des trois lettres alphabétiques qui le composent !

c’en est trop

(extrait du travail en cours)












Le balcon est cette ambiguïté, cet entre-deux, 
ni vraiment dedans ni vraiment dehors, 
qui titille les possibles de mon écriture.



L’ambiguïté en annexant les contraires embarrasse les limites, et finit par les ronger. Son pouvoir de fascination tient à qu’elle complique les rapports simples. Si accueillante qu’elle paraisse, elle n’est jamais neutre mais délusoire, riche, entière, mais sans prise, ne s’ouvrant pas tant elle-même que résumant sa complexité en une surface miroitante. N’ayant ni forme ni état ni genre définis, ni même tout cela à la fois, l’ambiguïté divise, dérange, tend à faire le vide en elle et autour. Comble de confusion, en ce tout à la fois qu’elle désavoue aussi, il n’y a pas plus d’harmonie que de projet, c’est désespoir de son propre devenir. Souvent réduite aux crispations qu’elle génère, résistance passive décrite et décriée de l’extérieur, il faut presque en faire l’expérience pour entendre ce qu’elle a à dire. Ou plutôt : en prendre conscience, l’adopter comme regard sur soi.

A propos du film Tomboy de Céline Sciamma.

Mais j'ai une envie (imprécise) de trouver une correspondance de cette proposition sur l'ambiguïté avec l'écriture. J'en reste là pour l'instant. Une piste...